Micropolluants et stations d’épuration

Ce  document est d’autant plus d’actualité que de nouvelles découvertes relatives aux PFAS et autres polluants autrefois non repérés viennent d’être rendues publiques. Janvier 2025

«L’étude met en évidence le manque cruel de données»                                  Natura-Sciences

INRAE a évalué, en collaboration avec le Synteau l’impact sur les milieux aquatiques et la santé humaine des micropolluants rejetés par les stations d’épuration françaises.

Un résumé succinct:   – les micropolluants sortant des stations d’épuration sont loin d’avoir été tous étudiés – les stations d’épuration ordinaires ne peuvent dégrader toutes les pollutions (seules les pollutions facilement biodégradables le sont) – les polluants provenant de la synthèse chimique  sont difficilement dégradés, (pesticides, produits pharmaceutiques, résidus de matériaux ….) – ces polluants peuvent persister des dizaines d’années dans la nature après leur interdiction – pour les éliminer, il faudrait compléter les traitements dans les stations d’épuration (par oxydation ou charbon actif).

 

« Les substances qui contribuent le plus aux impacts sur les milieux aquatiques sont des pesticides (cyperméthrine, isodrine), des acaricides interdits depuis 2010 et 2013 (dicofol et dichlorvos), un fongicide (boscalid), un herbicide (aclonifène), un PCB interdit depuis 1987 (PCB-101), une hormone (bêta-estradiol), un antibiotique (amoxicilline), et un retardateur de flamme retiré progressivement du marché depuis 2011 (1,2,5,6,9,10-HBCDD). Les 88 micropolluants organiques contenus dans les eaux usées traitées ont un impact potentiel comparable à celui du glyphosate en ce qui concerne la santé humaine et largement supérieur sur les milieux aquatiques, estime l’étude. »

L’ article:

INRAE a évalué, en collaboration avec le Synteau l’impact sur les milieux aquatiques et la santé humaine des micropolluants rejetés par les stations d’épuration française. Entretien avec Dominique Patureau, spécialiste des micropolluants dans les eaux usées, auteure principale de l’étude.

une station d'épuration rejette des micropolluants
Inrae et le Synteau ont évalué l’impact des rejets de micropolluants en sortie d’épuration. PHOTO//DR

Le projet porté par le Syndicat national des entreprises de traitement de l’eau (Synteau) et Inrae voulait évaluer l’impact sur la santé humaine et sur les milieux aquatiques du rejet de 286 micropolluants en sortie de stations d’épuration à l’échelle nationale. Il a finalement pu estimer à 146 tonnes le rejet annuel national en sortie de stations d’épuration de 153 micropolluants organiques dont la concentration dans les rejets était connue. Il a par ailleurs permis d’évaluer les impacts potentiels de 88 molécules. En plus d’un rapport, une étude paraît dans la revue scientifique Water Research.

Les substances qui contribuent le plus aux impacts sur les milieux aquatiques sont des pesticides (cyperméthrine, isodrine), des acaricides interdits depuis 2010 et 2013 (dicofol et dichlorvos), un fongicide (boscalid), un herbicide (aclonifène), un PCB interdit depuis 1987 (PCB-101), une hormone (bêta-estradiol), un antibiotique (amoxicilline), et un retardateur de flamme retiré progressivement du marché depuis 2011 (1,2,5,6,9,10-HBCDD). Les 88 micropolluants organiques contenus dans les eaux usées traitées ont un impact potentiel comparable à celui du glyphosate en ce qui concerne la santé humaine et largement supérieur sur les milieux aquatiques, estime l’étude.

Le Synteau appelle à des traitements complémentaires dédiés aux micropolluants

Plusieurs molécules les plus problématiques sont déjà interdites, parfois depuis plusieurs décennies. Tout en réduisant la pollution à la source, il apparaît donc indispensable pour le Synteau de développer les traitements à large spectre dédiés aux micropolluants (adsorption sur charbon actif, oxydation,…) sur les stations d’épuration. Ces coûts varient selon la taille des stations, des objectifs et des filières choisies. Le Synteau estime que des surcoûts compris entre 5 et 15 euros par Français et par an en prenant en compte les dépenses d’investissement et d’exploitation.

Dominique Patureau est directrice de recherche à Inrae au Laboratoire de Biotechnologies de l’Environnement de Narbonne. Spécialiste des micropolluants dans les eaux usées et les matières fertilisantes d’origine résiduaire, comme les boues de traitement des eaux usées, effluents d’élevage, digestats, composts en vue du retour au sol, elle est l’auteure principale de l’étude. Elle explique à Natura Sciences les résultats de l’étude.

Natura Sciences : Comment avez-vous procédé pour évaluer la toxicité des micropolluants en sortie de station d’épuration?

Dominique Patureau : L’étude repose sur l’analyse de cycle de vie des contaminants. Elle se base sur les masses de contaminants rejetés par les stations d’épuration dans le milieu aquatique fournies par la littérature scientifique. Pour estimer l’impact de ces contaminants, nous avons utilisé le modèle Usetox qui fait référence et qui compte 3000 molécules. Ce modèle fournit deux facteurs de caractérisation. L’ un pour la toxicité environnementale, exprimé en fraction d’espèces potentiellement disparues suite à l’émission d’un kilogramme d’une substance. Et un autre pour la toxicité humaine, exprimé en nombre d’années de vie perdues (maladie, handicap, mort prématurée), suite à l’émission d’un kilogramme d’une substance.

Le facteur de caractérisation pour l’impact environnemental tient compte du devenir de la molécule dans l’environnement, de l’exposition des organismes et de la toxicité chronique sur les organismes. Et ce, sur trois niveaux trophiques différents : des daphnies, des arthropodes et des poissons. Sur la base de la réglementation européenne et des molécules d’intérêt, nous sommes partis initialement sur 286 molécules. Finalement, nous avons eu accès à la fois aux masses et aux deux facteurs de caractérisation seulement pour un tiers des molécules,. Pour un autre tiers, nous avions soit l’un soit l’autre. Et sur le tiers restant, les molécules sont recherchées mais ne sont pas quantifiées dans l’environnement.

Lire aussi : Quelles stations d’épuration pour demain?

Quels sont donc les impacts potentiels que vous calculez pour ces molécules?

En sommant l’ensemble des impacts pour ces 88 molécules, on estime que l’impact potentiel correspond à la disparition d’une espèce des milieux aquatiques pendant une dizaine d’année. Il s’agit d’une unité qui permettrait de comparer des scenarii de rejet de stations d’épuration.

Les molécules les plus impactantes sont un pesticide, un PCB, une hormone et un antibiotique. Ces molécules ont une toute petite masse, liée à une concentration faible dans le rejet de l’ordre du nanogramme ou microgramme par litre, mais ont une très forte toxicité. Elles sont impactantes pour leur écotoxicité intrinsèque et non leur masse. Je parle bien de toxicité et non de la perturbation endocrinienne, de l’effet cockail ou de l’antibiorésistance car le modèle Usetox ne les prend pas encore en compte. Dans ces molécules, certaines sont interdites mais on les retrouve toujours dans l’environnement, car elles y sont rémanentes. En plus, des usages frauduleux peuvent subsister.

Les impacts sur la santé humaine sont faibles du fait d’une exposition indirecte aux micropolluants présents dans les rejets. Cela s’explique très bien. En effet, nous ne sommes pas directement exposés à la sortie de la station d’épuration et il y a des mécanismes environnementaux d’atténuation. Les vecteurs d’exposition considérés sont l’eau d’alimentation et les aliments.

Quels sont les leviers à notre disposition pour diminuer ces impacts?

Il y a deux solutions. Tout d’abord, la gestion à la source en réduisant le nombre et les quantités de produits utilisés. Cela passe par l’interdiction de la mise sur le marché de molécules écotoxiques, toxiques et rémanentes. La réduction des émissions à la source est une mesure indispensable mais elle prend du temps pour faire effet. Et elle ne pourra pas éliminer tous les micropolluants impactants, puisque l’on voit que certains contaminants restent dans l’environnement pendant des décennies.

En plus, il semble difficile d’imaginer que dans les décennies à venir nous soyons capables de déterminer précisément les impacts de ces substances actuelles et futures sur la santé humaine et les milieux. Le deuxième point d’action est donc la mise en œuvre de procédés de traitement en complément. Ces procédés d’oxydation, d’adsorption montrent des performances intéressantes pour réduire les concentrations de certains micropolluants. Toutefois, ces solutions ne pourront pas être appliquées de façon systématique sur toutes les stations

Vous avez évalué l’impact de 88 substances sur les 286 retenues. Le site de l’Agence européenne des produits chimiques recense plus de 20.000 substances. Cela montre que l’on connaît assez mal les impacts globaux que peuvent avoir les rejets de station. Que peut faire la recherche?

C’est totalement vrai, d’où l’intérêt d’avoir ces approches globales. L’étude met en évidence le manque cruel de données qu’il faut continuer à obtenir. Le modèle Usetox dénombre 3000 molécules, mais ne les caractérise pas toutes. Il faut de nouveaux projets pour évaluer les masses des contaminants dans l’environnement. Il faut continuer à implémenter ces bases de données, rajouter d’autres impacts comme l’effet perturbateur endocrinien. Beaucoup de chercheurs commencent aussi à intégrer d’autres paramètres d’effet que la toxicité chronique ou aiguë comme la modification du comportement des daphnies et des poissons. En attendant, l’environnement est soumis à toutes ces molécules sous forme de cocktail à des doses infinitésimales. Il faut donc mettre en place des stratégies.

Je pense qu’il faudrait aussi travailler à des échelles plus locales. Par exemple à l’échelle d’une rivière ou d’un bassin versant et classer les diverses contributions à ces impacts. Nous avons parlé des rejets de station d’épuration, mais on oublie les déversoirs d’orage où il n’y a pas de traitement. Il faut aussi ajouter les rejets agricoles avec les pesticides et les engrais, les effluents d’élevage ou de fermes piscicoles qui apportent leur cocktail d’hormones et d’antimicrobiens. La question in fine est financière : où va-t-on investir pour être le plus efficace ?

Propos recueillis par Matthieu Combe

 

 

 

nos réunions

Janvier 2025

En raison des conditions sanitaires liées au COVID, les réunions en présentiel des adhérents de notre association et de ses antennes ont cessé ou se sont fortement réduites pendant plusieurs années. C’est  par le moyen des contacts internet que les liens se sont fait essentiellement .

La reprise des échanges en direct a été une satisfaction et nous espérons qu’elle puisse rester la pratique courante.

Veolia ou Eaux de l’artois ou CALLEO?

En 2013 nous écrivions :  » Comme nous l’avions anticipé, la substitution de nom a eu lieu , et ceci sans émouvoir nos élus signataires des contrats de délégation de service public avec une société multinationale qui désormais n’a de cesse que d’avancer masquée.

A eau…secours 62, nous exprimons notre désaccord avec ces méthodes.

Si vous avez été attentifs à votre facture d’eau, vous vous serez aperçus que le nom du délégataire Veolia a disparu… Comme à eau…secours 62 nous l’avions anticipé , il ne reste plus que le logo et le nom « eaux de l’ Artois ».

En 2025, c’est CALLEO qui sera le nouveau nom du prestataire pour le service de l’eau sur le territoire de la CALL. ( communauté d’agglo de Lens-Liévin ). Vous pouvez en savoir plus en allant sur le site CALLEO .

Qu’en sera t-il sur les autres communautés d’agglomération ou de communes ?

Continuer la lecture de « Veolia ou Eaux de l’artois ou CALLEO? »

Réunions du groupe arrageois

Sauf exception, le groupe arrageois se réunit le troisième mardi de chaque mois…. voir confirmation dans l’article « nos réunions à venir »

L’horaire de RV est désormais à  18h00

Le lieu de réunion est la Maison des Sociétés , près du Cours de Verdun à Arras

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Les avantages d’une gestion publique de l’eau

Les citoyens sont trop souvent tenus éloignés des choix qui organisent leur quotidien et pour lesquels ils payent des impôts, des taxes, des redevances , des abonnements ou des factures de consommation.

Concernant l’accès à l’eau potable, l’association eau…secours 62 a multiplié depuis plusieurs années les manifestations pour présenter la situation sur notre territoire et pour promouvoir les avantages d’une gestion publique sous la forme d’une régie.

choisir la gestion publique…général

COMMENT CALCULER LE PRIX DE L’EAU

Nos factures habituelles (mais qui n’existent pas dans les logements collectifs), et aussi taxe pluviale urbaine, taxe Gemapi, taxe pour l’assainissement non collectif, dépollution des rejets agricoles et industriels …

Avec sa verve habituelle, Marc Laimé, défenseur de la gestion publique de l’eau, consultant national et grand connaisseur dans le domaine de l’eau, nous livre un article sur le sujet.

Comment calculer le prix de l’eau

Marc Laimé:      http://www.eauxglacees.com

            et    http://blog.mondediplo.net/-Carnets-d-eau-

France Eau Publique

france-eaupublique.fr/

France Eau Publique regroupe des collectivités et opérateurs publics adhérents à la FNCCR1 et engagés dans une démarche de partage de connaissances et d’expériences, de renforcement mutuel et de promotion de la gestion publique de l’eau.

Des compteurs communicants pour l’eau ?

Voici quelques expériences de personnes diverses sur ce sujet, qui concernent Noréade et Véolia et la pose de compteurs communicants.

Deux mots en préambule:

* il existe 2 sortes de compteurs communicants pour l’eau: celui qui n’émet pas en permanence mais est activé par le technicien passant dans le quartier. Et celui qui émet en continu vers l’antenne du gestionnaire.

* Les gestionnaires changent les compteurs d’eau ordinaires, tous les 15 ans environ,  car leur fiabilité diminue (une vérification est normalement réalisée). Ils ne s’agit pas forcément de compteurs communicants: on peut se renseigner au préalable auprès de leurs services.

* Le compteur d’eau communicant est certes moins nocif que le compteur électrique Linky qui propage son électricité sale (le Courant Porteur en Ligne) dans tout le logement. Mais l’accepter, c’est surajouter des ondes à toutes celles que l’on subit dans le milieu extérieur. C’est aussi accepter ce monde du tout connecté avec tous les inconvénients que l’on connait.

On sait que des abonnés le refusent.

* Les compteurs d’eau communicants en continu ont par contre leur utilité sur nos réseaux d’eau, notamment pour déceler les fuites.

Voici résumés les témoignages de quatre personnes ayant refusé le changement de leur compteur pour un communicant:

      °  Après avoir refusé le compteur communicant, une personne s’est vue couper l’eau par Noréade. Contactée par cette personne, l’association ACCAD (Anti Compteurs Communicants Artois Douaisis), s’est tournée vers Noréade qui a affirmé que dans son règlement il était nécessaire de fournir un certificat d’électro hyper sensibilité pour se voir refuser ce compteur.  A la demande de l’association, Noréade a fourni ce règlement … où il n’est nullement question de ce certificat.  Menacée de poursuites, Noréade a posé un compteur non communicant et rétabli l’eau.

    Intimidation, mensonge, passage en force chez des personnes isolées …

     °  Toujours avec Noréade, une personne EHS s’est vue couper l’eau après n’avoir pas répondu aux sollicitations de la société pour un changement de compteur pour un communicant. Menaçant d’attaquer Noréade au Tribunal Administratif, la personne s’est vue poser un compteur sans le module communicant.

     ° Suite à un refus du compteur communicant, Véolia prévient la personne qu’elle viendra couper l’eau un jour donné dans une fourchette de 2h. Réponse de la personne: je serai ce jour là accompagnée d’un huissier. La menace a été retirée par Véolia, le communicant n’a pas été posé:   « à titre exceptionnel et provisoire ».   Sollicitée de nouveau par téléphone quelques mois plus tard, la personne a réclamé:

 » – une lettre signée de votre Directeur Général attestant l’innocuité de ce compteur

– un document technique sur le compteur en question (pas un document marketing) que je transmettrai à Robin des Toits

– une copie de votre assurance en Responsabilité Civile pour vos clients pas pour vos installateurs ».    

Sans réponse depuis, et sans compteur communicant …

     °   « Ils installent un nouveau compteur d’eau connecté sans la présence du propriétaire: la collectivité condamnée pour violation de domicile. »

« Une habitante de Cornebarrieu, qui avait porté plainte,vient d’obtenir gain de cause.  Veolia a reconnu “une erreur”.  Le tribunal judiciaire de Toulouse a reconnu coupable la société Eau de Toulouse Métropole. La plaignante a obtenu 400 euros de dommages et intérêts. »

Si vous avez des expériences de ce genre, ou des commentaires sur le sujet, faites nous savoir !   Merci !     contact@eausecours62.org