Dans cet article, tiré du site de Marc Laimé « eauxglacées.com » : où l’on démontre que la priorité de la multinationale de l’eau est le profit ; que deviennent les salariés de l’entreprise privée lors d’un retour en régie ?
A lire sans modération …
Au départ, une municipalité qui a toujours été favorable à la délégation de service public ( la gestion est confiée dans ce cas à une multinationale de l’eau ). A l’approche du renouvellement de contrat, une association des usagers et l’UFC que Choisir s’unissent pour infléchir le choix des élus, en prouvant que la délégation n’est pas l’intérêt des usagers et de la commune. (commentaire eau secours 62 )
Le point de départ
Les usagers du bassin d’Annonay s’organisent
Une réunion constituante pour une association des Usagers de l’Eau du Bassin d’Annonay s’est ainsi tenue le 18 décembre 2008 à Annonay. Au cours de la réunion ont été examinés les projets de statuts, la mise en place des modalités de fonctionnement (cotisation, bureau,…) et le recensement des propositions de campagne et mode d’actions. Lors d’une première réunion le 20 novembre 2008, il avait été proposé et adopté par les participants le principe de la mise en place d’une association des usagers de l’eau du Bassin d’Annonay. Cette association aura pour but de promouvoir la gestion publique de l’eau et de l’assainissement. Elle sera ouverte à toutes celles et tous ceux qui désirent travailler en accord avec ces objectifs. Cette association entend travailler sur les questions de l’eau dans l’ensemble du bassin annonéen, elle agira également dans tout domaine s’y rattachant (préservation et gestion des ressources, promotion des méthodes respectueuses de l’environnement…). Elle sera force de propositions et d’argumentaires. Et ce plus particulièrement dans les prochains mois, puisque la municipalité d’Annonay devra bientôt prendre une décision sur le mode de gestion qu’elle entend mettre en place Contact : Association Usagers de l’Eau de la Région d’Annonay 15, Petit Chemin de la Muette 07100 Annonay Mel : eaura@free.fr Web : http://eaura.free.fr
Et l’aboutisement
Annonay : la municipalité vote le retour en régie
par Marc Laimé, 18 avril 2009
Le vendredi 17 avril 2009, le conseil municipal de cette ville de l’Ardèche a mis un terme aux dérives d’un système mis en place depuis plus de 50 ans. Sur proposition du maire, il s’est prononcé pour le retour de la gestion de l’eau en régie. SAUR perd ainsi son contrat « historique », l’un des plus profitables en France… Cette bonne nouvelle est le fruit de l’action exemplaire qui a été conduite conjointement par la délégation locale de l’UFC-Que Choisir et l’association des usagers de l’eau d’Annonay, dont les membres soulignent que seule l’union a permis de l’emporter, seule l’une ou l’autre de ces associations n’aurait pas obtenu ce résultat. La régie comme mode de gestion des services de distribution d’eau et d’assainissement a été votée à l’unanimité des présents Ambiance de circonstance (pour les musiciens « Pomp and circumstance » (1). Les membres de l’opposition étaient absents, mais comme ils n’avaient rien à dire, ou… La CCSPL donnera son avis le lundi 20 avril sur le type de régie choisie par l’exécutif. Dès maintenant la commune se rapproche de la SAUR pour discuter de la reprise du personnel, de certains matériels et des compteurs. Les usagers ont déjà suggéré que la SAUR emporte les compteurs dont ne sait pas comment elle s’est rendue propriétaire, la commune reposant des appareils neufs. SP 2000 qui assistait à la réunion, en la personne de M. Louche (çà ne s’invente pas !), a fait des commentaires sur les arguments de l’UFC-Que Choisir, mais ne s’attendait manifestement pas à la mise en parallèle des études sur le SEBA et Annonay.
Les prochaines étapes : Lundi 20 avril réunion de la Commission consultative des services publics locaux (CCSPL) qui donnera son avis. Lundi 27 avril : le conseil municipal mettra fin au système de délégation de service public (DSP) qui expirera le 31 décembre 2008. Le combat n’était pas gagné d’avance car, à chacune des étapes mises en place par la municipalité, le maire et les adjoints en charge du dossier n’ont jamais manqué une occasion d’afficher leur préférence pour la DSP… Au début assez maladroitement, en invoquant des arguments étrangers au dossier, puis plus finement en sortant un audit du bureau d’études Service Public 2000, qui concluait, au fil d’une démonstration éminemment critiquable, à des écarts de coûts insignifiants entre les deux modes de gestion… En réalité, on peut affirmer que les résultats des études menées par les associations présentes à la CCSPL, en dévoilant les hausses faramineuses intervenues ces 15 dernières années, ainsi que les profits indécents de la SAUR, ont apporté les arguments aux élus de gauche qui restaient favorables à la régie, mais n’avaient pas les moyens d’imposer leur préférence. Annonay était le contrat historique de la SAUR et, selon certains, parmi son personnel local, l’un des plus profitables. La roue tourne, après Tournon-sur-Rhône, Annonay, à qui le tour ?
Un communiqué de l’UFC dans le Dauphiné du 18 février 2009 :
L’UFC Que Choisir avance cinq points pour défendre la régie
Afin d’appuyer la création d’une régie municipale pour gérer l’eau et l’assainissement, l’association UFCQue Choisir avance cinq points.
1 Pas de concurrence
« Les prix à l’origine des contrats d’affermage (1993) résultent d’une simple négociation, sans mise en concurrence au plus grand bénéfice du délégataire sortant qui en a profité pour augmenter substantiellement ses [tarifs]. »
2 Plus que l’inflation
« Les formules de révision annuelle des tarifs [sont] totalement déconnectées des charges, par nature inflationnistes. A Annonay, ces dernières années, les prix du délagataire [la Saur, ndlr] ont augmenté environ trois fois plus que l’indice général des prix. »
3 Payées par l’usager
« Les provisions pour renouvellement définies comme charges aux renouvellements pour garantie et continuité du service »[sont] payées par les usagers sans que la commune connaisse le montant des sommes réellement consommées par le délégataire. A Annonay et en 2007, ces provisions se sont élevées à 152 467 pour l’eau,soit par an et usager 30,50 . (…). »
4 Manque de transparence
« Les comptes remis à la commune par le délégataire dissimulent le coût réel de fonctionnement des services. »
5 Pas de contrôle
« Le contrôle des affermages par la commune [est] caractérisé par un vide sidéral. Or, depuis 2005, la réglementation oblige les communes à créer des commissions de contrôle des comptes d’affermage et leur donne les moyens d’accéder aux comptes des sociétés. Elles peuvent alors contrôler ou faire contrôler par des cabinets compétents les comptes des délégataires privés. La commune d’Annonay a donc l’impérieux devoir de vérifier que les redevances payées par les usagers à la Saur correspondent strictement à des dépenses engagées pour les services de l’eau et de l’assainissement : c’est la règle bien connue selon laquelle l’eau paie l’eau ». »
La conférence de presse commune du 14 avril 2009 :
Les profits dissimulés de la SAUR à Annonay Conférence de Presse commune du 14 avril 2009 UFC Que Choisir de l’Ardèche-Association des Usagers de l’Eau de la Région d’Annonay
1.Les constats des associations de consommateurs :
Les documents établis par la SAUR elle-même révèlent des bénéfices inouïs réalisés au détriment des usagers des services de l’eau et de l’assainissement. Il nous a simplement suffi de cumuler les comptes d’exploitation de l’eau et de l’assainissement remis par la SAUR à la commune pour le découvrir.
A l’origine, la SAUR a produit des comptes d’exploitation prévisionnels. Ces comptes ont été annexés aux contrats d’affermage de l’eau et de l’assainissement, entrés en vigueur au 1° janvier 1994. Ils étaient censés justifier les tarifs de l’eau et de l’assainissement. Ils affichaient un bénéfice certes confortable, mais limité à : 7 3675,00 €.
Mais en 2007, et toujours selon la SAUR, ses bénéfices ont été multipliés par 3 pour atteindre : 475 614,00€.
La SAUR reconnait donc 15% de marge en 2007, on pourrait dire seulement 17%, car ce bénéfice n’est pas cohérent avec les augmentations de tarifs entre le 31 décembre 1993 et le 1° janvier 2009 : 163% pour l’abonnement eau Et 132% pour l’abonnement assainissement
En plus, la SAUR a encaissé auprès des usagers en 2007, 296 752,00 € pour ses frais de siège et une provision pour renouvellement des installations de 444 388,00 € qui n’a été utilisée que partiellement. La SAUR a reconnu que les sommes encaissées au titre des provisions pour renouvellement et non dépensées s’élèvent à 536 000,00 € pour l’eau et 798 000,00 € pour l’assainissement.
Les associations de consommateurs exigent, en application de la règlementation, que ces sommes soient remboursées sans délai à la commune.
Par ailleurs, la méthode de comptabilisation des charges employée par la SAUR a une conséquence incontestable : ni la SAUR elle-même, ni la commune d’Annonay ne connaissent le coût réel des services de l’eau et de l’assainissement. En conséquence, les tarifs SAUR de l’eau et de l’assainissement ne sont pas justifiés par les comptes remis par cette dernière.
Cette méthode de constitution des comptes, constamment dénoncée par les Chambres Régionales des Comptes a l’énorme inconvénient de faire payer aux usagers d’Annonay des charges qui ne les concernent pas. Les entreprises privées déclarent sans sourciller qu’ainsi, elles mutualisent leurs charges entre les divers services publics qu’elles gèrent.
2.L’étude du cabinet Service Public 2000 :
C’est la structure conseil de l’Association des Maires de France et de la Fédération Nationale des Collectivités Concédantes et en Régie. Dans ses références, les interventions au titre de la gestion des services d’eau et d’assainissement par des sociétés privées sont très largement majoritaires.
2.1.La situation actuelle vue par le cabinet d’études SP 2000 :
Les premiers constats de Service Public 2000 confortent les résultats de notre propre étude aussi bien sur les aspects financiers que sur les performances techniques. Par exemple, la SAUR ne recherche pas suffisamment les fuites d’eau et effectue peu de curage préventif du réseau d’assainissement. Ce cabinet d’études a également constaté que la SAUR avait accumulé du retard dans le renouvellement des installations. Ces indicateurs témoignent de la priorité donnée au profit au détriment de la qualité du service. Dans les années à venir le nouvel exploitant devra rattraper les retards accumulés pendant des décennies.
SP2000 a évalué le coût d’exploitation du service des eaux par la SAUR, à 707 000,00 € par an Alors que la SAUR facture aux usagers : 926 000,00 € par an Pour l’assainissement l’évaluation de Services Publics 2000 est de 1 367 000,00 €par an Pour une facturation aux usagers de : 1 715 000, 00€ par an D’où résulterait un bénéfice calculé de : 567 000,00 € par an Soit : 27%
Dans sa présentation, SP 2000 n’a pas tenu compte des prestations annexes (droits d’accès à l’eau qui a avantageusement replacé le dépôt de garantie, etc) et les travaux exclusifs. Pourtant, ces activités complémentaires lui sont largement profitables. La SAUR ne distingue pas les charges correspondant à ces activités ce qui opacifie encore plus ses comptes.
2.2.La reconstitution des coûts par le cabinet d’études SP 2000 :
Le cabinet SP 2000 a calculé les coûts d’exploitation suivant l’un et l’autre des modes de gestion. Pour l’eau 808 000,00 € en délégation au privé et 800 000,00 € pour une régie publique. L’écart insignifiant n’est pas crédible en raison des modes de fonctionnement différents d’une société privée et d’une régie publique. L’une doit consacrer une partie importante de ses recettes pour rémunérer ses actionnaires et contribuer au fonctionnement de son siège, la régie doit simplement équilibrer son budget. Pour les associations le coût d’exploitation du service des eaux est de l’ordre de 600 000,00 €. Pour l’assainissement 1 430 000€ en délégation au privé et 1 391 000 € par une régie publique. L’écart de 2,8% entre ces évaluations n’est pas vraisemblable. Pour l’activité la plus importante, l’exploitation de la station d’épuration, une société privée n’est pas en mesure de faire bénéficier le service d’économies d’échelle. En effet l’ouvrage nécessite un effectif à temps complet.
A titre indicatif, les produits d’exploitation de la SAUR en 2007 (réseau et station d’épuration) au titre de l’assainissement se sont élevées à 2 101000,00€ alors qu’une exploitation de qualité a été estimée par SP 2000 à 1 430 000,00€.
2.3.Commentaires :
A notre avis cette « étude » tend à démontrer qu’exceptionnellement les coûts en délégation au privé et en régie publique sont très proches. Ce résultat est obtenu très simplement. Dans le cas de l’eau, dans un premier temps en rehaussant la qualité l’exploitation actuelle : on ajuste le coût reconstitué de 707 000€ à 808 000 €. Ensuite, il suffirait de se satisfaire d’une diminution des tarifs actuels d’au moins 15% pour amener la gestion à un niveau acceptable. SP 2000 a même justifié l’indexation contractuelle inflationniste des prix par les sociétés privées alors qu’elle a toujours été le triple de l’augmentation générale des prix selon l’INSEE !
Pour mémoire, nous rappelons que pendant la durée des contrats en vigueur, les charges totales déclarées par la SAUR ont augmenté de 24%, les tarifs eau de 48%, et les tarifs assainissement de 50%. L’étude a encore rendu le choix de la régie publique encore plus répulsif en valorisant les investissements nécessaires à sa création et en omettant le remboursement par la SAUR des provisions pour renouvellement non consommées. Une diminution même supérieure à 15% serait vite récupérée. On a donc maintenant la certitude que nos craintes sont en train d’être confirmées et que l’exécutif de la municipalité s’oriente vers ce qu’il a nous le pensons, toujours préféré : la gestion de l’eau et de l’assainissement par une société privée.
2.4.Conclusion :
Toutes les données financières et administratives suivantes : Les fabuleuses et injustifiées augmentations des tarifs de la SAUR. Les comptes d’exploitation annuels établis sur le principe de la mutualisation des charges afin de dissimuler les coûts réels de fonctionnement. L’absence de contrôle des comptes de l’affermage par la commune. La non convocation de la commission consultative des services publics locaux par le maire. Une méthode de reconstitution des coûts par le cabinet SP 2000 inadaptée et infondée. Démontrent à l’évidence des profits du délégataire qui s’opposent à la réglementation en vigueur et que semble-t-il les intervenants veulent ignorer. C’est pour cela que nous ne pouvons croire aux estimations des charges calculées par le cabinet service public 2000 et surtout nous élever contre des calculs qui concluent à des coûts d’exploitation pratiquement égaux en délégation au privé et en régie publique. D’autres indices vont dans le même sens comme des estimations de sous traitance faramineuses alors que la SAUR n’a réparé que 18 fuites sur le réseau.
Pour les associations de défense des consommateurs, le choix de la délégation de services publics à une société privée n’aurait d’intérêt que si les tarifs proposés sont inférieurs d’environ 50% aux tarifs pratiqués actuellement par la SAUR, sans indexation par une formule paramétrique et avec des durées de contrats ne dépassant pas 3 ans. L’absence d’investissement sur les services ne justifie pas des durées supérieures.
La déclaration du représentant de l’UFC-Que Choisir de l’Ardèche à la CCSPL du 20 avril 2009 :
Commune d’Annonay Commission Consultative des Services Publics Locaux Du 20 avril 2009 Services de distribution d’eau et d’assainissement collectif Choix du mode de gestion
Déclaration du représentant de l’UFC Que Choisir de l’Ardèche
1.Préambule :
La distribution d’eau et l’assainissement sont des services publics à caractère industriel et commercial, selon la jurisprudence constante du juge administrative. De cette qualification résulte en particulier la tarification en fonction du coût réel et du service effectivement rendu. C’est exactement ce principe de « l’eau paie l’eau » que défend l’UFC Que Choisir et rien d’autre. Cela ne signifie pas que seraient oubliés les principes d’équilibre budgétaire et la limitation stricte des possibilités de subventionnement.
2.L’intervention de l’UFC Que choisir :
L’association dispose des seuls moyens de ses bénévoles et des documents administratifs communicables qu’elle peut obtenir. Dans le cas d’Annonay, l’UFC Que Choisir regrette de n’avoir disposé que de peu de temps pour étudier les dossiers. Les premiers ne lui ont été remis que le 5 mars. Dans un premier temps notre attention s’est portée sur les dispositions tarifaires des contrats d’affermage du 1° janvier 1994 puis sur les rapports du délégataire. Ensuite, nous avons examiné les rendus du Cabinet Service Public 2000.
L’évolution des tarifs selon les contrats en vigueur : Il s’agit d’un simple constat des augmentations de tarifs intervenues entre le 31 décembre 1993 et le 1° janvier 2009 : Abonnement eau : 163 % consommation eau : 70%, une pseudo diminution est intervenue le 1° janvier 2001, compensée par une diminution équivalente de charge. Location compteur : 74% Abonnement assainissement : 132% Consommation assainissement : 56,5% La seule application des formules d’indexation contractuelle a permis des augmentations de : Eau : 48% Assainissement réseau : 50,2% Dans le même temps le délégataire reconnaît une augmentation de ses charges de : 3.Eau :32,9 % 4.Assainissement réseau : 31 % 5.Assainissement épuration : 15,5% 6.Tous services consolidés : 24%.
3.Les rapports du délégataire :
La constitution des services ne révèle pas une complexité et des difficultés techniques particulières. Le délégataire en profite pour se satisfaire d’une exploitation à l’économie ce qui a été signalé par SP 2000. Les comptes annuels de résultat d’exploitation sont construits sur le modèle 1994 du syndicat professionnel des distributeurs d’eau. Pour simplifier, on rappellera qu’ainsi les délégataires mutualisent leurs charges entre les divers services publics gérés. La répartition d’une grande partie des charges, dont les frais de personnel, est effectuée suivant la valeur ajoutée du service géré. Cette méthode a pour effet de transférer le maximum de charges sur les services qui dégagent le plus de valeur ajoutée. Une augmentation des tarifs entraine automatiquement une augmentation des charges transférées.
On remarque également que pour ajouter encore de l’opacité dans les comptes, leur présentation a été modifiée à plusieurs reprises. En conclusion, ces comptes doivent être appréciés pour ce qu’ils sont : pour environ 70% du montant total, comme une simple répartition des charges de l’entreprise sans relation directe avec les dépenses réellement engagées par le délégataire pour faire fonctionner le service.
4.Les marges du délégataire :
Il s’agit d’un simple calcul à partir des chiffres relevés sur les documents présentés par SP 2000, à l’exception des produits assainissement. En effet, pour ce service nous avons totalisé les différentes recettes relevées sur les rapports du délégataire, y compris la prime d’épuration reversée par la commune au délégataire en vertu de l’article 32 bis du contrat initial.
Distribution d’eau : Produits : 925 600 € Charges : 707 000 € Marge : 218 600 € Assainissement : Produits : 2 101 000 € Charges : 1 367 000 € Marge : 734 000 € Pour mémoire, la présentation SP 2000 mentionne seulement 1 715 000 €.
La Marge totale annuelle s’élève donc à : 952 600€ soit 46% des charges (calculées par SP2000).
5.L’étude SP 2000 :
Elle constitue une innovation dans le sens où elle conclut à des coûts identiques d’une exploitation déléguée et en régie. Ce résultat contredit : Les études réalisées aussi bien par la Cour des Comptes que par l’IFEN (ministère de l’Environnement) ou encore par des commissions parlementaires (commission Tavernier). Les diminutions substantielles de tarifs qu’on pu réaliser toutes les collectivités qui ont fait le choix du retour en régie. Les rétrocessions obtenues après de rudes négociations par des collectivités telles que Bordeaux, ou encore le Syndicat des Eaux du Nord.
Nous contestons la méthodologie normative employée par SP2000 qui ne donne pas plus de garantie que la mutualisation des coûts pratiquée par les sociétés délégataires. Le rapprochement de la reconstitution du coût d’exploitation du service des eaux d’Annonay avec une celui d’un autre service des eaux ardéchois conforte notre avis. De plus cette méthode utilisant une base de données constituée à partir de services caractérisé par des coûts élevés, conduit à surestimer le coût d’exploitation du service étudié.
Il ya d’autres moyens pour estimer les coûts de fonctionnement, par exemple en s’appuyant sur l’activité réelle de l’exploitant. C’est ainsi que l’UFC Que Choisir de l’Ardèche a évalué le coût d’exploitation du service des eaux à 600 000 €/an. Un contrôle des comptes des affermages, conformément aux décrets de 2005, était justifié après plus de 50 années d’exploitation déléguée à la même entreprise, sans aucune mise en concurrence.
6.L’avis de l’UFC Que Choisir de l’Ardèche :
La gestion déléguée à une société a fait à Annonay la preuve de sa nocivité comme on vient de le voir précédemment : Dissimulation du coût réel des services Dissimulation de marges inacceptables, au sens où au-delà de 5 à 10% on peut considérer qu’elles ne participent plus à un service rendu. Augmentations de tarifs injustifiées acceptées par l’exécutif de la commune. Revalorisation annuelle inflationniste des prix. Perception de redevances qui ne sont pas utilisées pour l’exploitation des services. Exploitation à l’économie. Aujourd’hui encore les coûts réels d’exploitation du délégataire ne sont pas connus.
Comment croire que de nouveaux contrats de délégation ne reproduiront pas les graves dérives subies actuellement par les usagers : augmentation effrénée et inexpliquée des tarifs, progression de la marge globale de plus de 500% entre les budgets prévisionnels et le réalisé 2007, de 73 000€ à 475 000 €. Ce ne sont pas les justifications des formules d’indexation des tarifs, dont les effets inflationnistes sont nationalement connus, par le cabinet SP 2000, en comité de pilotage, qui peuvent nous rassurer.
Compte tenu des dérives constatées, les usagers qui ne sont pas des clients, puisque eux n’ont pas le choix de leur fournisseur, ne peuvent plus faire confiance au système de la gestion déléguée qui les a tant pénalisés : tous les ans chaque abonné d’Annonay rémunère les actionnaires de la SAUR à hauteur de 200 €.
L’UFC Que Choisir se prononce pour la gestion des services de distribution d’eau et d’assainissement collectif par une régie publique.
P.Linossier
Communiqué de l’association d’usagers
Le 27 avril l’association d’usagers diffusera un nouveau communiqué, après la décision arrêtée en conseil municipal ce jour, et après surtout, que la presse locale ait largement fait écho aux « inquiétudes » d’une soixantaine de personnels de la Saur, qui s’étaient mobilisés durant le week-end : « L’association des Usagers de l’Eau se félicite de la décision du conseil municipal d’Annonay pour la reprise en régie de l’exploitation des services de l’eau et de l’assainissement de la ville. Ce choix est celui de la transparence dans la gestion d’un bien commun. C’est aussi celui de redonner à la puissance publique toute sa place alors que la capacité du service public à assurer de telles missions est mise en cause de façon générale. Elle salue à ce titre le courage dont ont fait preuve les élus. Les actions et les initiatives conjointes de l’Association des Usagers et de l’association Que Choisir ont permis d’apporter des éléments, d’enrichir le débat et d’informer l’ensemble des citoyens intéressés.
Par ses hausses de tarifs atteignant 163% pour l’abonnement de l’eau, 132% pour celui de l’assainissement, 77% sur le prix du mètre cube et 66% sur les locations des compteurs, la société SAUR s’est largement servie sur le contrat passé. Ses marges exorbitantes (560 000 € suivant audit mairie, 952 000 € selon nos sources, plus de 110 euros par contrat en prenant l’hypothèse la plus faible) le confirment, et ce ne sont là que les éléments les plus criants.
Par sa politique basée sur une logique financière plus qu’une véritable stratégie industrielle, la SAUR a elle-même discrédité toute gestion privée. Elle montre son mépris des usagers quand elle laisse entendre aujourd’hui qu’elle aurait pu consentir à des baisses de ses tarifs dans le cadre d’une « mise en concurrence ». Elle poursuit son chantage à l’emploi comme elle l’avait fait en 1993 avec ses promesses de siège régional à Annonay dont on sait ce qu’il est advenu. Les salariés de la SAUR sont en droit aujourd’hui de demander des comptes à leurs dirigeants sur cette stratégie qui privilégie le rendement financier.
L’article du Dauphiné Libéré
La régie publique préservera l’emploi puisque les dispositions du code du travail prévoient le transfert de plein droit des salariés de la SAUR effectivement affectés au contrat d’Annonay vers la régie, pour ceux qui le désirent, et ce sans rupture de leur contrat de travail. L’association des Usagers demande le remboursement des provisions destinées au renouvellement et qui n’ont pas été utilisées par la SAUR soit 1,3 million d’euros reconnus au total (environ 260 euros par abonnement, prélevés sur les usagers). Elle ne saurait se satisfaire du passage par pertes et profits de cette somme ainsi que du rachat des compteurs (largement payés par les abonnements). L’association des Usagers entend rester vigilante sur les conditions de mise en place de la régie, sur sa capacité à assurer un service de qualité, sur les tarifs proposés qui devront respecter l’équité entre tous les usagers. Elle restera dans l’avenir un interlocuteur attentif et une force de propositions. Elle poursuivra son travail à l’échelle de notre bassin pour la défense des usagers. »
(1)Il s’agit de la marche, utilisée parfois comme marche funèbre afin de ne pas accentuer le caractère lugubre d’une cérémonie funéraire, et intitulée « Pomp and circumstance ».
Voir le site de l’Association des usagers de l’eau de la région d’Annonay. Association Usagers de l’Eau de la Région d’Annonay 15, Petit Chemin de la Muette 07100 Annonay mel : eaura@free.fr web : http://eaura.free.fr