La CALL face à ses contradictions

Mardi 5 avril, eau … secours 62 organisait un débat en mairie de Givenchy en Gohelle, avec la population locale. Il s’agissait d’informer et d’échanger autour de la décision que doit prendre la CALL cette année : reconduire le contrat de la multinationale Véolia, ou passer en régie publique. Dans l’assistance, le Maire de la commune, Robert Mieloch, par ailleurs vice-président de la CALL, s’est fait le porte-parole de la CALL, et a révélé la décision que s’apprêtent à prendre les élus.

 

C’est ainsi que Robert Mieloch a révélé qu’une réunion devait prochainement se tenir à la CALL, pour décider du point suivant : la CALL va comparer le prix qui sera proposé par Véolia, avec le prix de ce que pourrait être la régie publique, et choisira le moins cher.

Bien évidemment, cette annonce n’a pas laissé insensibles les participants au débat, et notamment les adhérents de eau … secours 62 :

  • Cette décision fait peu de cas des profits gigantesques que Vèolia a engrangé ces dernières années, sur le compte des usagers de la CALL.
  • La meilleure façon de baisser les prix, c’est de revenir en gestion publique : dans toutes les villes et agglomérations qui sont revenues en gestion publique, le prix de l’eau a baissé. La moyenne des baisses constatées est de 25%, ce qui laisse entendre que, par endroit, la baisse a été beaucoup plus importante, et ce qui laisse entendre, également, la hauteur des profits que se permettent les multinationales.
  • En se focalisant sur le seul critère du prix, la CALL indique qu’elle ne tient pas à prendre en compte les autres aspects de la gestion publique :
    • Les aspects sociaux : alors que, sur le territoire de la CALL, les foyers privés d’eau suite à des coupures sont de plus en plus nombreux, la gestion de l’eau par le public permet de prendre en compte les critères sociaux. Il faut savoir, par exemple, que, depuis qu’elle est revenue en gestion publique, la ville de Paris n’a procédé à aucune coupure d’eau ! C’est la différence entre la gestion d’une multinationale, et la gestion publique.
    • Les aspects écologiques et environnementaux : il s’agit, en gestion publique, de préserver l’avenir, en protégeant les nappes phréatiques. Par exemple, par le développement de l’agriculture biologique. C’est une politique cohérente, qui ne peut être impulsée par une multinationale.

Lors de la réunion, l’animateur de eau … secours 62 a également évoqué le cas du sponsoring important du Louvre-Lens, par la multinationale Véolia. Robert Mieloch, vice-président de l’agglomération, s’en est ému, en demandant de ne pas tout mélanger, et de ne pas tomber dans des excès politiques. Les faits sont pourtant tétus :

  • Les millions d’euros versés par Véolia au Louvre Lens proviennent bien des factures des usagers de l’eau.
  • Cela signifie que, sur le territoire de la CALL, l’ensemble des usagers, quelles que soient leurs ressources, sont ponctionnés pour financer un équipement culturel.
  • C’est injuste, et indigne : ce devrait être l’impôt, prélévé en fonction des revenus de chacun, qui finance un équipement culturel.

Ce sponsoring de Véolia pour le Louvre Lens est d’autant plus inacceptable que, dans le même temps, le renouvellement des réseaux d’eau de la CALL n’est pas assuré : au rythme actuel, provisionné dans les comptes, il faut 700 ans pour renouveler le réseau ! C’est un calcul à court terme, d’autant plus inacceptable que, une fois encore, ce sont nos enfants, et les générations futures, qui en subiront les conséquences. C’est ce type de choix financier que la CALL se doit de privilégier, et non un sponsoring injuste pour la population.

Enfin, que penser de la sérénité et de la force dont les élus de la CALL sauront faire preuve , quand il s’agira de dire : Véolia nous donne des millions d’euros pour le Louvre Lens, mais nous avons choisi de ne pas renouveler leur contrat, et de passer en gestion publique !